Starlink n’est plus seul sur l’orbite basse. En 2025, plusieurs projets challengent son avance, d’Amazon à l’écosystème européen. Ce dossier fait le point, chiffres à l’appui, sur les concurrents crédibles de Starlink, leurs forces et limites. Qu’est-ce que cela change pour les foyers français, notamment en zones blanches ?
Sommaire :
Kuiper (Amazon) : la principale concurrence de Starlink qui monte en puissance
Amazon a dévoilé des tests plus que concluants pour Project Kuiper. En effet, ceux-ci montrent des débits de l’ordre de 1,28 Gb/s en descente. Une démonstration partagée par Panos Panay (Amazon Devices) début septembre 2025. C’est nettement au-dessus des vitesses usuelles observées chez Starlink (souvent 100–200 Mb/s selon la charge et la couverture). Attention toutefois : il s’agit d’un essai sur un réseau encore peu chargé, pas d’un service grand public stabilisé.
Côté calendrier et marché français, Kuiper a reçu en juillet 2025 l’autorisation de fréquences de l’Arcep pour opérer en métropole. Le lancement commercial est visé fin 2025. Amazon vise à terme 3 236 satellites, avec une étape intermédiaire imposée par le régulateur américain. Au moins 1 600 satellites en service d’ici fin juillet 2026. Kuiper affirme avoir dépassé la barre des 100 satellites en orbite au cours de 2025, mais la marche reste haute pour tenir l’échéance FCC.
Au-delà du fixe résidentiel, Amazon cible aussi l’in-flight connectivity (premier accord annoncé avec JetBlue) et des offres entreprises. Bref, la même logique multi-segments qui a servi l’expansion de Starlink (résidentiel, mobilité, aviation, maritime). Si Kuiper tient ses promesses techniques et tarifaires, la pression concurrentielle pourrait faire baisser les prix. Et cela, dans les zones où Starlink règne aujourd’hui.

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Eutelsat-OneWeb : l’option européenne se structure
La fusion Eutelsat/OneWeb a donné naissance à un opérateur GEO-LEO intégré. Ce dernier vise surtout les entreprises, opérateurs et gouvernements plutôt que le grand public. La constellation OneWeb de première génération aligne ~648–652 satellites LEO (environ 1 200 km d’altitude). Elle offre une latence plus faible que le GEO et une couverture robuste pour les liaisons professionnelles, transports ou sites isolés. Limite notable : les premiers satellites n’intègrent pas de liaisons laser inter-satellites. D’où l’explication d’une dépendance accrue aux stations au sol, surtout hors des régions bien équipées.
Pour muscler l’écosystème européen, l’UE déploie IRIS². Une constellation multi-orbite orientée services gouvernementaux et souveraineté numérique. IUne montée en charge d’ici 2030 est prévue, tout comme un premier paquet industriel déjà cadré (consortium SpaceRISE, 10,6 Md euros). À court terme, cela ne remplace pas Starlink chez les particuliers. Cependant, cela offre des perspectives de résilience et d’autonomie en Europe.
Viasat/Hughesnet et le « Direct-to-Device » : des challengers sur d’autres terrains
Historiquement, Viasat et Hughesnet dominent le satellite géostationnaire (GEO). Ses avantages : couverture large et services établis. Son inconvénient ? Une latence élevée (orbite à ~36 000 km) qui pénalise visioconférence et jeu en ligne par rapport au LEO. Ces acteurs restent pertinents dans des régions sans fibre/4G/5G et pour certains usages professionnels. Toutefois, ils peinent à suivre la dynamique capacitaire et la latence de Starlink en LEO.
Sur le mobile direct-au-téléphone (D2D/Direct-to-Cell), Starlink a pris de l’avance avec une bêta lancée aux États-Unis (partenariats T-Mobile, Optus, Rogers, etc.).
En réponse, l’ESA et Viasat ont signé en janvier 2025 un accord pour explorer un partenariat D2D en Europe.
Par conséquent, le message est bien passé. L’écosystème européen ne veut pas laisser Starlink seul sur ce créneau clé pour éliminer les zones blanches mobiles. Reste que l’industrialisation d’une constellation D2D prend du temps. Le service grand public de type « barre réseau depuis l’espace » à l’échelle UE n’est pas pour demain.
Autre signal fort venu de Starlink : SpaceX a racheté pour 17 milliards dollars des fréquences mobiles à EchoStar (AWS-4/H-Block). Ainsi, il consolide juridiquement son offre Direct-to-Cell plutôt que de dépendre uniquement d’accords avec des opérateurs. C’est un avertissement sérieux pour les telcos. Le satellite peut, à terme, concurrencer certains services mobiles dans les zones difficiles.

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Où en est Starlink en 2025 ?
Starlink conserve une avance massive en échelle : plus de 8 400 satellites en orbite fin septembre 2025, et une base d’utilisateurs en forte croissance. SpaceX déploie en continu, et prépare une génération V3 beaucoup plus capacitaire (lancement via Starship). Elle est destinée à améliorer encore la bande passante et les performances. Autrement dit, l’écart bouge des deux côtés : pendant que les concurrents accélèrent, Starlink n’est pas statique.
Verdict : Starlink a de vrais concurrents… mais l’écart se joue sur l’exécution
Oui, Starlink a des concurrents sérieux. Kuiper est le plus menaçant à court terme en France (feu vert de l’Arcep, tests à plus d’1 Gb/s, ambitions prix). Eutelsat-OneWeb incarne l’alternative européenne crédible côté B2B/Gouvernement. Il s’inscrit dans une stratégie de souveraineté avec IRIS².
Viasat/ESA préparent la riposte sur le Direct-to-Device. Néanmoins, la barrière à l’entrée reste colossale. À ne citer que la cadence de lancements, les coûts de terminaux, le maillage de stations sol, spectre/licences et la qualité de service à l’échelle.
En 2025, Starlink domine encore en couverture, flotte et maturité, tout en consolidant ses atouts (nouveau spectre mobile, satellites V3). La vraie bataille commencera lorsque Kuiper sera commercialement disponible en France et que les offres/prix seront publics. C’est là que le marché des foyers français pourrait bénéficier d’une vraie baisse des coûts et d’innovations utiles. (Arcep)
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