Tant bien que mal, la révolution de l’intelligence artificielle continue son bonhomme de chemin. Après les chatbots conversationnels, les entreprises s’attaquent à la navigation sur le web, assurées d’y toucher plus de personnes : bienvenue dans l’ère de la navigation IA et des navigateurs agentiques. Avec des algorithmes puissants, ces navigateurs promettent de nous faire gagner du temps sur le web, en faisant une variété de choses à notre place : du résumé d’articles à l’achat de produits en passant par la recherche d’informations. Perplexity s’est démarqué tôt en lançant Comet, un navigateur devenu gratuit pour tous. Opera, Microsoft et Google ont emboité le pas en dopant leur navigateur respectif d’IA. Ce fut ensuite le tour d’OpenAI de lancer Atlas. Tous se suivent et se ressemblent dangereusement. Entre déceptions, failles de sécurité et impacts négatifs à divers niveaux, les navigateurs IA constituent à ce jour une mauvaise idée.
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De grossières erreurs et une perte de temps
Tout comme ce que nous observons globalement depuis l’avènement de l’intelligence artificielle, les entreprises veulent nous fourguer leurs navigateurs IA, alors qu’ils manquent encore d’utilité, de performances et de sureté. Si les démos de ces navigateurs nous donnent l’impression d’assister à une révolution, la réalité est nettement autre. Selon une étude de Carnegie Mellon, les agents IA derrière les navigateurs IA se rendraient coupables d’erreurs grossières dans 70% des cas.
Pour réserver un avion par exemple, Atlas d’OpenAI prend environ 16 minutes, alors qu’un humain le ferait en moins de 3 minutes. Le pire dans les expériences chaotiques rapportées, c’est que ces modèles peuvent se tromper d’informations et se mélanger dans les dates. Le problème est le même lorsqu’il faut ajouter un article au panier. Comet de Perplexity prendrait jusqu’à 10 minutes ; tâche qu’un humain exécute en un clic.
À ce jour, ces logiciels semblent être un retour dans le passé où le terminal était roi. Devoir rédiger ce que l’on souhaite faire et attendre ne sonne pas, pour l’heure, comme la meilleure option. Nous revoilà au début du web ou de l’informatique.
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Une sécurité à la traîne
Selon les analystes indépendants, les navigateurs IA viennent avec une véritable faille de sécurité. Ils sont tous sensibles à ce que l’on désigne par le prompt injection attacks. Celle-ci permet à toute page web vérolée de prendre le contrôle du navigateur pour déclencher des actions indésirables. Ce ne sont pas des problèmes de sécurité que l’on pourrait corriger en quelques heures, car ils sont fondamentalement liés à l’architecture de ces navigateurs IA. Une faille que ne présentent pas les navigateurs traditionnels.
Dans leur rapport, les analystes chez Brave ont prouvé qu’un simple commentaire Reddit contenant une instruction malveillante pourrait amener l’agent IA contrôlant le navigateur à réaliser des actions indésirables. Le problème est qu’il n’arrive pas à faire la part des choses entre un texte à interpréter et une instruction à suivre.
Face à ces rapports accablants, les entreprises ont dû se rendre à l’évidence. Le responsable de la sécurité des systèmes d’information chez OpenAI a admis que « l’injection de prompts reste un problème de sécurité non résolu ». Pour le moment, le risque est là et ces navigateurs sont utilisés. Rien n’est encore fait pour corriger le tir, ce qui présage des problèmes à venir ou un abandon de l’idée de navigateur agentique.
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L’utilisateur sous haute surveillance, données massivement collectées
Avec les navigateurs agentiques, c’est presque l’utilisateur qui travaille pour l’IA. Prenant le contrôle entier du navigateur, ils entraînent une surveillance accrue qui soulève des préoccupations éthiques et de confidentialité. Ces IA siphonnent constamment des données, comprenant documents confidentiels, textes privés, brouillons jamais publiés, historiques, etc. Chaque clic, chaque recherche et chaque interaction sont minutieusement enregistrés. Certains n’hésitent même pas à envoyer tout le contenu de la page consultée au serveur pour une analyse détaillée.
En outre, ces navigateurs constituent une porte dérobée pour les entreprises IA afin d’accéder aux données que l’IA ne pouvait pas scraper seule. C’est notamment le cas des articles de magazines sous des paywalls, des sites protégés ou encore des espaces privés. Avec un utilisateur humain, ces agents IA peuvent désormais y accéder sans grande difficulté.
Les dégâts environnementaux décuplés
Le gouffre énergétique que représente l’IA n’a pas échappé aux ONG depuis son avènement. Nous savons par exemple qu’une requête ChatGPT consomme jusqu’à environ un demi-litre d’eau et émet 68g de CO2. En comparaison avec une simple recherche Google, cela fait un bond de 340 fois, car une requête Google n’émet que 0,2g de CO2.
Lorsqu’on exporte ces chiffres dans le cadre des navigateurs agentiques qui prennent chaque action comme une requête, le désastre est palpable. Ils entraînent donc une augmentation significative des consommations énergétiques et poussent un peu plus l’environnement vers sa mort.
La fin sonnée du web riche et ouvert
Avec l’essor des navigateurs basés sur l’intelligence artificielle, nous assistons à un tournant inquiétant qui menace la nature même du web. Ces outils, conçus pour simplifier les recherches et personnaliser l’expérience utilisateur, érodent la richesse et l’ouverture du contenu en ligne. Rien que l’ajout de l’AI Overviews sur Google a fait chuter drastiquement le trafic de nombreux médias en ligne, de 30 à 70%. Avec les navigateurs agentiques, c’est la fin !
En offrant une vision filtrée de l’information, ces navigateurs créent des bulles de filtre, éliminant les perspectives contraires et réduisant ainsi la diversité des contenus accessibles. Ils se contentent de résumer, éliminant l’accès aux sources pour l’utilisateur. Par conséquent, l’internet, qui autrefois était un espace d’idéation et de rencontre, devient de plus en plus homogène et cloisonné.
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