Avec plus de 2 millions de sites érotiques et pornographiques accessibles en France sur Internet, et 57 % des internautes estimant que renseigner son identité sur un site web représente une atteinte à la vie privée, la solution proposée par le Gouvernement français ne semble pas viable. On vous explique tout dans cet article.
Sommaire :
Protéger les mineurs en responsabilisant les sites pour adultes et leurs utilisateurs
Le 21 juillet dernier, le texte de loi relatif à la protection des mineurs quant à l’accès aux contenus pornographiques a été amendé et le message est clair : il est de la responsabilité des éditeurs de sites pour adultes de mettre en place un système de vérification de l’âge afin de protéger les enfants d’un tel contenu.
Afin de vérifier le suivi de cette législation, le Contrôle Supérieur de l’Audiovisuel obtient le pouvoir de sanctionner les sites qui ne respecteront pas la réforme ; c’est-à-dire bloquer leur accès depuis la France. Renforcer le contrôle de l’identité, soyons transparent, cela signifie qu’il s’agira d’entrer les informations personnelles de tous les utilisateurs. Données qui, ensuite permettront aux sites en question de recueillir l’activité numérique et les intimes préférences de chacun.
Les bases des données utilisateurs, ces mines d’or pour les hackers
En France, ce sont plus de 40% des utilisateurs qui craignent que leurs données soient utilisées à mauvais escient. Et ce, à juste titre : en 2019, les fuites de données dans le monde sont en hausse de 33% par rapport à l’année précédente, soit un total d’environ 665 millions d’enregistrements volés. Les informations personnelles sont de plus en plus convoitées et nous rappellent que leur protection est un véritable enjeu.
Si les cyberattaques sont de plus en plus fréquentes, les sites pour adultes sont généralement dans les premiers visés. Extrêmement prisées par les hackers, ces données privées peuvent être revendues sur le Dark web, ou pire, utilisées pour des demandes de rançon et chantage.
Ce genre d’attaques, les Français les connaissent déjà bien ; en 2019, le site Luscious a laissé à découvert l’identité de ses utilisateurs, dont 40 000 Français.
Plus récemment, en mai 2020, le site CAM4 qui diffuse des shows pornos par webcam s’est fait hacker les informations de ses 11 millions d’utilisateurs, dont 4 millions de Français. Ces données ne sont pas seulement les identifiants et mots de passe, mais bel et bien les noms, adresses email et activité personnelle de navigation sur le site en question.
Les Français sont prêts à contourner la règle pour se protéger…
Cette loi représente ainsi un risque réel concernant la protection de la vie privée. Les Français l’ont compris et sont massivement prêts à contourner la règle. Même si la plupart des sites français consentent à suivre la règle et installer ce procédé, les utilisateurs eux sont massivement prêts à contourner la règle.
En effet, selon un sondage Ifop commandé par la Voix du X, les sites pour adultes sont les moins bien placés pour collecter ces informations : 87 % des utilisateurs ne leur font pas confiance pour contrôler leurs identités.
Cette réforme, les utilisateurs n’y croient pas : la majorité considère que ce mécanisme n’empêchera pas les jeunes de moins de 18 ans à accéder aux contenus pour adultes, et 72 % estiment que le CSA ne sera pas en mesure d’appliquer cette loi à tous les sites pornos accessibles en France.
Nous nous dirigeons donc vers un contournement pour plus de 70% des utilisateurs ! 41% d’entre eux éviteraient le système à l’aide d’un VPN et 31% avec un changement de DNS.
Du côté des propriétaires de sites classés X, cette méthode semble techniquement irréalisable : « Comment notifier et vérifier que les millions de sites classés pour adultes ont mis ce système en place ? Le CSA n’aura aucun moyen de lutter contre la création incessante de nouveaux sites », mentionne le site Tukif.
À qui appartient donc la responsabilité de bloquer l’accès aux sites X pour les mineurs ?
Selon les internautes, à 63%, cela reste du ressort des parents d’éduquer et de contrôler l’activité numérique de leurs enfants.
On note que la solution qui ressort le plus, est la vente d’un système de contrôle parental par défaut sur tous les abonnements vendus par les fournisseurs d’accès à Internet.
Le hic, c’est que la loi existe depuis 2004 : les FAI sont dans l’obligation de proposer gratuitement un système de contrôle parental dès l’achat d’un abonnement. Les logiciels existants semblent être remarquablement performants, avec un taux de 99% de filtrage pour les catégories de sites inadaptés au jeune public.
Si la loi est bien en place depuis plus de 15 ans, la communication du gouvernement et des FAI à ce sujet reste faible et inefficace puisque les mineurs ont toujours facilement accès au porno. À titre d’information, l’âge moyen du premier visionnage classé X est de 14 ans en France.
Un effort au niveau de la communication s’avère primordial ; des spots TV du Ministère de l’Éducation informant de la nécessité d’un système de contrôle parental ? Des fournisseurs internet qui notifient réellement les parents des risques et solutions existantes ? Et enfin, des parents qui en fassent de même avec leurs enfants.
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